LILIOM: Note d'intention

Un couple de banlieusards, en proie au sentiment de rejet lié au chômage, sombre dans une relation violente. Situé en Hongrie dans les années 10, LILIOM pourrait tout à fait prendre place dans une banlieue française ou ailleurs, aujourd'hui.

Les mécanismes de l'emprise et de la violence mentale puis physique y sont dépeints dans toute leur complexité, avec une modernité sidérante. Il n'y a pas simplement, ici, un bourreau et une victime, mais un homme et une femme enrôlés dans une relation addictive. Et l'on se demande en permanence qui a, le plus, besoin de l'autre. Mais derrière la perversité sadomasochiste de cette relation se cache un amour sincère, pur et désespéré. Tout l'enjeu de LILIOM va reposer sur la faculté des héros à extirper cet amour du marasme de leur vie quotidienne, et à l'assumer, jusque dans l'au-delà.

Mais Il ne faudrait pas réduire la pièce à la seule modernité de son propos, aussi dense soit-il, et à sa dureté. LILIOM est aussi, et d'abord, un mélodrame populaire teinté d'onirisme avec son lot de situations romanesques, parfois même cocasses, de rêves d'ailleurs et de seconds rôles truculents. De son écriture très poétique naît son climat si particulier. Et sa partie surréaliste conduit tout droit les aventures de ses héros vers l'univers du conte. Un conte social donc, cynique et profondément triste.

Mais Ferenc Molnar, auteur hongrois alors célébré pour un best seller de la littérature enfantine, invente un couple complètement innocent devant l'engrenage de la violence. Liliom et Julie nous touchent, on les comprend, peut-être même qu'on leur ressemble.